mercredi 28 mars 2012

Waintin' round to play harmonica

Ce soir, sans trop savoir pourquoi et en comptant les secondes (sans trop savoir pourquoi non plus, mais je sais pas, ça m’apaise, et couplé à Blue in Green de Miles Davis, ça m’achèverait presque (dans le bon sens du terme)), ce soir, donc, je tapotais du doigt en rythme chaloupé sur mon clavier inerte quand l’envie m’a pris, comme ça, sans crier gare, par surprise, au détour d’un détour : une envie soudaine de jouer de l’harmonica.

Je suis donc allé chercher le mien. Car oui, c’est une envie qui m’avait déjà pris y’a quelques années et j’avais décidé de m’y mettre. Et comme souvent avec mes envies, elles sont fugaces, et en plein milieu j’en ai un peu marre (oui mesdames, ça nous arrive à nous aussi) et j’ai vite vite envie de passer à autre chose. Tout ça pour dire qu’en le prenant entre les mains, je me suis souvenu qu’à part When the saints go marching in, je savais rien jouer. Tout comme mes nombreuses heures de solfège et de piano n’ont accouché 25 ans après que d’un vague souvenir de la première mesure de Au Clair de la lune. C’est insuffisant, comme disait ma professeure de l’époque. Je suis ainsi en ce moment même la frustration incarnée. J’aimerais pouvoir jouer le blues du libraire avec un chien miteux à ses pieds (j’ai bien une paire de chaussons qui peuvent faire illusion, mais l’odeur n’y est pas. Enfin pas encore), hurler à la lune tout ce qui me pèse sur le cœur (ça ira vite), arpéger une lente complainte qui les ferait toutes revenir (elles ne reviennent jamais) et mettrait des larmes dans les yeux des guerriers les plus aguerris (qui finalement ne sont que des hommes comme les autres qui ne rêvent que de se blottir au creux d’une poitrine accueillante avec un harmonica dans la bouche. Œdipe et Freud sont sur un bateau qui tangue).

De dépit, et par habitude, j’ai plutôt mis un album de Leadbelly et suis allé chercher mon exemplaire de l’excellent Meteor Slim de Duchazeau. Du blues de crossroads à l’état pur, avec des bouts de Robert Johnson, des morceaux de désespoir gros comme un crouton dans la soupe diluée et ce dessin….bon sang…pile poil ce qu’il fallait. Certaines cases sont des pochettes de vinyles à elles toutes seules, et on savait y faire, à l’époque, en matière de pochettes (demandez à Crumb si vous le croisez), c’est pas rien comme compliment. L’histoire, on s’en fiche un peu, l’important c’est l’ambiance qui s’en dégage, le chien miteux bel et bien présent, l’harmonica dans la tête et la guitare asséchée par les événements.

Un bel objet qui plus est, qui existe en version collector avec vinyle, et qui ne vous minera pas le moral. Le blues, c’est bien plus que ça. C’est aussi Lomax, d’ailleurs, tant que j’y suis, du même Duchazeau. Foncez. Mais prenez votre temps. La route est longue.

Ma note : do

vendredi 23 mars 2012

Samouraï Bambou Pilou


J’ai un ami (eh oui, j’en ai. Enfin lui c’est plutôt une vague connaissance qui m’a été mise dans les pieds par les aléas de la vie, aléas qui ne font pas toujours super bien les choses) qui était un poil obsédé par son image à la fois d’homme physique proche de son corps (c’est un ancien gogo danseur de boites de nuits sordides du fin fond de la province) et d’homme culturellement limité. Et afin de délimiter sa culture (c’est le cas de le dire) et de bien l’étaler sur la biscotte des quelques femelles qui trainaient de temps en temps par chez lui, il a eu l’idée lumineuse d’acheter plein de boitiers de Cds vierges et de les aligner afin de donner l’impression d’avoir une cdthèque (gravée, certes) archi fournie. Il faut être un peu cruche pour se laisser impressionner par ça, mais ma foi, on attrape les proies qu’on mérite. C’était il y a 10 ans hein, aujourd’hui il faudrait aligner les Ipods, mais tout ça pour dire que parfois, les couvertures et les apparences comptent (oui, c’est là où je voulais en venir). Moi-même, quand il m’arrive de m’adonner à des rendez-vous galants qui peuvent parfois, si la météo le permet, se terminer en pyjama party chez moi, je fais bien attention à ne pas laisser trainer de poils dans la douche et de chaussettes sales, certes, mais aussi à tout bien arranger pour que j’aie l’air intellectuel et ouvert et cultivé. Autrement dit, je fous mes Pléiades en avant et je vire mon recueil de Playmates Playboy, je laisse mes intégrales Peanuts pour montrer mon côté sensible et imaginatif, je laisse trainer le coffret Twin Peaks pour montrer que j’aurais été super cool y’a 20 ans et je planque mes jeux videos sous le tapis Ikea car ça, ça fait vraiment pas rêver.

Je laisse bien entendu mes piles de livres là où elles sont sinon il me faudrait la journée et un hangar pour tout planquer, ça en vaut rarement la peine, sauf si le pyjama est en dentelles, mais c’est quand même plus souvent du pilou.

Trêve de digressions liminaires, venons-en au fait, vous allez pas être déçus : les couvertures du Samouraï Bambou sont à mettre partout en avant partout chez soi tellement elles sont belles et jolies et superbes et donnent l’impression de nager parmi les bambous et les papillons au fin fond du Japon médiéval. Donc rien que pour ça, il faut se lancer dedans. Les autres raisons sont les suivantes : c’est du Matsumoto (Amer Béton, Gogo Monster, Number 5, Frères du Japon, Ping Pong…rien que du super chouette et extra fou(fou) qui rappelle que oui, le manga c’est aussi ça). C’est une apologie de la rêverie et de la qualité de vie. C’est élégant, fin et racé au poil soyeux. Ce fut nommé à Angoulême cette année (ah non, c’est pas un argument ça). C’est du Matsumoto.

Huit tomes de bonheur intense brillamment mis en page avec des couvertures façon estampes qui valent leur pesant de pandas et de pyjamas en soie. Avec la douceur du pilou en sus.


387 étoiles de ninja

lundi 19 mars 2012

Hamster Hooey and the gooey kablooie

Calvin & Hobbes & Moi c’est une grande histoire d’amour. Une histoire d’amour telle que c’est eux que j’emmènerai (oui, c’est du futur) sur mon île déserte quand j’aurai amassé le pognon nécessaire et que je me serai rendu compte que sans électricité, mon Kindle risque pas de marcher des masses, donc autant apporter du papier sur place. Une histoire d’amour qui dure depuis 24 ans précisément, 24 années de bonheur intense secouées par quelques passages un peu plus compliqués, notamment le moment où Bill Watterson, lassé d’être lassé, décida de m’abandonner pendant une année complète et sabbatique. C’était pour la bonne cause, il est revenu avec un format encore plus chouette pour le dimanche, réussissant à imposer la demi-page improbable, et moi j’accepte qu’on me quitte juste pour un petit moment (je suis un être fragile) si c’est pour me revenir plus grand et plus beau (je suis un être futile). Deux ans plus tard, il se re-barre, ce con (je suis un peu rancunier, en amour), histoire de réfléchir à notre relation et annoncer peu de temps après que oui, bon, va falloir qu’on parle, c’est pas toi, c’est moi, j’en ai fait le tour, viens, prenons nos luges et explorons la vie chacun de notre côté. Enfin lui a plutôt pris son vélo et ses pinceaux, mais quand on aime, on ne juge pas.

J’étais triste, un peu. Beaucoup. Oui bon, j’ai pleuré (je suis un peu chochotte).

C’est que, voyez-vous, Calvin & Hobbes étaient bien plus que de simples compagnons du quotidien de ma vie qui me dépassait allègrement. Ils étaient une source de réflexion et d’amusement et de sourires spontanés. C’est pas rien, comme pouvoir, que le sourire spontané (essayez pour voir), surtout quand il est accompagné d’yeux qui brillent. J’ai des clients d’ailleurs qui m’ont affirmé avoir observé ces étoiles dans mes beaux yeux lorsque j’en parle (c’est parce que les yeux sont le miroir de l’âme, comme il dit Paolo Coehlo tellement il n’est pas à un cliché près).

Toujours est-il qu’il faut lire Calvin & Hobbes. Dans son intégralité. Et dans l’ordre de parution s’il vous plait, c’est important, sinon on ne comprend ni l’évolution du style ni les légers tâtonnements du début (très bien expliqué dans le 10th Anniversary book, non traduit en Français, je sais pas trop ce qu’ils foutent chez Hors Collection, déjà qu’ils le publient n’importe comment et même pas au bon format…C’était bien la peine que je supporte une rupture, tiens). Et ce n’est pas qu’une histoire de nostalgie personnelle mal placée teinté de mélancolie pré-quadra (je sens que ma crise de la quarantaine va faire mal et que je devrai choisir entre une île déserte et une décapotable à gros seins). C’est objectivement la plus grande Bd de tous les temps, avec très peu de redondances, jamais trop donneuse de leçons, toujours drôle, toujours sur le fil de l’imaginaire et qui nous rappelle qu’on a tous eu un Hobbes dans sa vie. Et que parfois on aimerait le retrouver.

Ma note : chaque jour, votre poids en granolas, jusqu’à la fin des temps

dimanche 18 mars 2012

Lectures fofolles

Bien, c’est sympa les Bds, mais en ce w-e du Salon du livre, s’agirait de parler de ses autres formes, notamment le roman (pour vous qui ne lisez que de la Bd, il s’agit de ces choses bientôt exclusivement virtuelles et que les autres nomment, en vous snobant de haut car à leurs yeux vous êtes un peu attardé mental, des ‘vrais livres’). Reprenons si vous le voulez bien la liste narcissique de mes lectures de ces dernières semaines. Je fais vite car y’en a un paquet.

Moon Palace (Auster) : eh bien ma foi, c’est un très bon Auster. Peut-être même mon préféré, allez, soyons foufous.

La femme gelée (Ernaux) : j’aime beaucoup Annie Ernaux. Surtout quand elle parle à la femme sensible qui est en moi. Comme toujours avec elle, c’est fin et intelligent et loin des clichés.

Les sirènes de Titan (Vonnegut) : un Vonnegut mineur est toujours mieux que tout plein de trucs, mais on sent le texte un peu de commande, quand même.

By Nightfall (Cunningham) : si je dis pas de bêtises, il s’agit de celui qui vient d’être traduit en Français. On retrouve ses obsessions habituelles, avec toujours ce talent incroyable pour expliciter les rapports humains.

Fils de la providence (Wassmö) : moins puissant que Le livre de Dina, mais franchement, ça se joue à peu de choses. Il faut lire Wassmö. Tout de suite.

Le roi des juifs (Tosches) : totalement illisible, ce machin. Et pourtant je l’ai lu. Mais pfff

Des histoires pour rien (Moore) : comme toujours avec Lorrie Moore : c’est très chouette.

Le chiendent (Queneau) : faut s’accrocher un peu, mais ça vaut largement le voyage.

Pourquoi je n’ai écrit aucun de mes livres (Bénabou) : Oulipo toujours, texte court sur l’écriture (enfin la non-écriture) comme je les aime.

Dans les coulisses du musée (Atkinson) : c’est très plaisant, dites donc. Je ne connaissais pas du tout Atkinson, et ça me donne envie de creuser plus de son côté (si j’ose dire).

Jack Barron et l’éternité (Spinrad) : un grand texte SF très en avance sur son temps (Spinrad quoi) avec une réflexion intéressante sur la société, sur l’immortalité et le pouvoir des médias.

L’orchestre vide (Berest) : plongée d’une jeune femme dans ce monde merveilleux qu’est la musique, les tournées, et l’amour autodestructeur. Excellent second roman que je vous invite à soutenir si vous aimez la scène indé et si vous vous demandez l’effet que ça fait de soudain se retrouver sur les plus grandes scènes des plus grands festivals (bon et en plus, j'apparais dans deux pages du roman. Je suis un être de fiction. C'est vertigineux).

Sortie d’usine (Bon) : ah tiens je sais pas quoi en dire. Ca m’apprendra à parler des livres 2 mois après les avoir lus. J’ai aimé, cela dit, surtout au niveau du style, très particulier.

Au nord du monde (Theroux) : encore un univers post apocalyptique, encore un roman qu’on va comparer à La Route, et n’empêche qu’il est excellent. Un personnage féminin original, paumé, qui fait ce qu’elle peut et qui va pas non plus se laisser emmerder.

Nous étions les Mulvaney (Oates) : encore du grand Oates, mais encore un roman un poil trop long. Reste cette ambiance qui lui est propre et que je retrouve toujours avec plaisir. Ce qui est un peu inquiétant, quand même.

Mon patient Sigmund Freud (Nathan) : sorte de roman semi-policier autour de Freud, très érudit, très bien écrit, absolument passionnant.

Les enfants de la terre I (Auel) : bonne surprise que cet ultra best seller (oui, je me méfie des ultra best sellers). C’est prenant et anthropologiquement (ça se dit ça ?) et sociologiquement fascinant. J’ai récupéré la suite, que je lirai au fur et à mesure.

Le dernier stade de la soif (Exley) : roman culte, pas nécessairement pour les bonnes raisons, mais quoiqu’il en soit, c’est le genre de romans que j’aime, un roman de désespéré qu’en a plus grand-chose à faire de quoi que ce soit mais qui fait quand même ce qu’il peut.

Cartographie des nuages (Mitchell) : ça partait tellement bien. Je le voyais déjà tout en haut de mon affiche de romans à conseiller en permanence. Sauf qu’il m’a complètement perdu pendant 200 pages. Mais alors vraiment. Je pigeais que dalle à ce que je lisais, ce qui est toujours un peu gênant pour la compréhension de l’ensemble. Par contre j’ai adoré tout le reste. Ce qui est bien, déjà, ca fait 500 très bonnes pages.

Quand nous étions orphelins (Ishiguro) : j’ai préféré ses autres, la seconde partie étant plutôt chiante.

La conversion (Baldwin) : roman essentiel dans la culture noire Américaine. Et Américaine tout court.

A visit from the goon squad (Egan) : je l’ai pris rapport à son Prix Pulitzer (j’aime bien les prix Pulitzer fiction de manière générale) et je n’ai pas du tout été déçu. Une fresque constituée de mosaïques de personnages qui se croisent à un moment ou à un autre, bien construit, plaisant à lire, dans l’esprit d’un Coe (ou de Lorrie Moore, tiens), par exemple.

Junkyard Dogs (Johnson) : suite des aventures de Walt Longmire. Ruez-vous sur tous ceux traduits chez Gallmeister.

L’invité (Sok Yong) : j’ignorais la plupart de ce qui est décrit dans ce très bon roman, à savoir les exactions commises par les militaires et les civils en Corée du Nord pendant la guerre. J’ai fait brrrr quelques fois.

mercredi 14 mars 2012

Pun Puuuuuuuuuuuuuuuun


Je sais pas ce que j’ai, mais ça fait bien un mois que je ne peux m’empêcher, en plein milieu de la journée et à des heures aléatoires (enfin après le café, tout de même), de crier PUN PUN ! de façon appuyée et enjouée avec bonheur et entrain.

Essayez, vous allez voir, c’est assez exaltant. PUN PUN !

Il faut dire que le ptit Pun Pun n’a pas une vie facile, certes, après tout il est représenté sous les traits d’un oiseau sans trop de dimension et un peu grossier et en plus sa vie de famille est un poil (enfin plume) mouvementée en ce moment, avec le père qui tape sur la mère et l’oncle qui a une moustache. En plus de tout ça, il arrive à un moment dans sa vie où il se rend compte que quand il voit des images cochonnes dans la journée et qu’il y repense le soir, eh bien ça lui fait tout bizarre, il a soudain de nouveau envie de feuilleter le catalogue de La Redoute et d’essayer de comprendre pourquoi il transpire et pourquoi les draps s’en souviennent eux aussi, de tout ça.

Pun Pun ( ! ) il est amoureux. Pun Pun ( !! ) il est un peu perdu. Pun Pun ( !!! ) on a envie de lui ouvrir notre porte et de lui faire couler un bain et de lui dire de pas trop s’en faire, que tout ira bien, que c’est pas mal d’être amoureux et que la petite Aiko, on l’a bien vu du coin de l’œil, elle en pince pour lui aussi.

Asano, un des mangakas les plus intéressant de ces dernières années (foncez sur Le champ de l’arc en ciel si vous avec pas peur et sur Solanin si vous êtes un peu plus frileux)  récidive avec cette série qui débute, mais qui débute de manière tellement Pun Pun ! qu’on ne peut que s’impatienter impatiemment et trépigner en attendant la suite. Les thèmes habituels liés à une certaine critique en filigrane de la société ainsi qu’a un passage minutieux de la jeunesse sous la loupe du quotidien sont bel et bien présents et font à la fois réfléchir et sourire. C’est le double effet Pun Pun ( !!!!).

Allez, on va tous lui rendre visite, il est de nature curieuse, je suis sûr qu’il a des granolas pour tout le monde.

Je préfère Steve



Ce n’est pas nécessairement ma tasse de thé, mais il faut reconnaître que le nazisme a au moins un intérêt : celui d’inspirer les éditeurs et les auteurs de Bds. Honnêtement, je sais pas trop comment ils faisaient avant, si ce n’est que la Bd n’était pas franchement un genre très répandu et qu’on en était réduit à lire en boucle ses Tintins. L’horreur.

Depuis quelques années, on trouve une recrudescence dans le genre. On voit des croix gammées de partout, c’est assez incroyable, à croire qu’elles étaient planquées en attendant le bon moment que quelqu’un donne le top départ (l’excellent 7 Psychopathes puis le tome 2 d’Il était une fois en France ont aidé) et qu’elles viennent se coller sous nos yeux pour bien montrer que hey, m’sieur le lecteur, ouvrez-moi, y’aura des méchants nazis, et ptêt même Hitler si vous avez de la chance (c’est tout de même la deuxième fois de suite que je parle de lui, faut croire que ça me travaille et que je serai donc bientôt libre). Là ça s’est un peu calmé au niveau des couvertures, mais la thématique inspire toujours autant. La preuve, hier j’ai lu Ars Magna et Wunderwaffen, deux Bds avec des vrais bouts de méchants dedans et des vraies bouts de la vraie moustache du vrai méchant. Dans la première, on retrouve le côté ésotérique et mystérieuse société secrète qui plait tant (y’a même Godefroy de Bouillon pour attirer les amateurs de médiéval de Dan Brown de Pfff), même que bon, y’a un secret qui peut changer tout le déroulement de la guerre, s’agirait de s’activer un peu, ça devient chaud. Dans la seconde, on retrouve le second thème à la mode du moment : les avions. Des avions rétro-futuristes, de la bagarre, des nazis, un vrai Hitler défiguré (oui, le débarquement a foiré et du coup il s’est pas tué dans son bunker et du coup Eva est toujours à ses côtés mais lui est tout moche suite à un attentat), des nichons, tout ça sur fond d’uchronie réaliste que même que ça aurait pu se passer vraiment comme ça,  franchement y’a largement de quoi passer une bonne soirée au coin du feu de son impatience.

D’ailleurs, si je fais un peu un tour rapide dans ma tête de la librairie, je me rends compte qu’elles sont en bonne compagnie, entre Malgré Nous, Airborne 44, l’édition anniversaire de Maus (indispensable, elle), A l’ombre du convoi, Petits Bonheurs, L’enfant caché et Un sac de billes (ça il faut le lire). Et j’en oublie sûrement.

Tout ça pour dire que voilà, j’ai lu ma dose de III ème Reich pour la semaine, que j’en ai pas retenu grand-chose si ce n’est que les méchants c’était eux et qu’ils sont tout le temps à la recherche de trésors magiques et d’armes géniales et qu’Audrey Tautou, c’est la fille de Jésus.

Ou un truc du genre.

Ma note pour l'ensemble: 5 croustibats

lundi 12 mars 2012

Erich Santa Maria Remarque


Ceux qui me connaissent un peu savent que ceci est du copinage. Mais du copinage sincère. Et puis c’est une pratique courante chez nous autres journalistes (oui, depuis que je suis eskimo, je suis surtout journaliste, j’attends ma carte de presse d’un instant à l’autre et des Sps partout dans ma boite aux lettres envoyés par des éditeurs impatients de connaître mon avis sur tout), alors ne nous formalisons pas, faisons comme si tout était objectif partout ici (enfin j’essaie quand même de rester impartial, j’ai ma dignité, je ne couche pas non plus avec n’importe qui n’importe quand (suis trop vieux pour ça)).

L’uchronie est à la mode, c’est un fait. C’est encore mieux quand y’a des nazis dedans. D’ailleurs dans les Brigades du Temps, y’a Hitler, qui était un peu le plus nazis de tous les nazis, si je me souviens bien de mes cours d’histoire. Et c’est précisément de cours d’histoire dont il est question ici, tellement tout est à la fois ludique et didactique, que même que les mômes (elle est pré-publiée dans Le journal de Spirou) ils apprennent sans s’en rendre compte. On est à des années lumière d’un Geronimus Stilton qui fait plus dans l’angélisme révisionniste à base de souris, et on se rapproche plutôt de la démarche d’un Emile Bravo, qui a lui aussi toute mon admiration et ma groupietude (je dis ‘aussi’ car Kris est parmi ce qui se fait de mieux en matière de scénaristes en ce moment. Je ne sais pas ce qu’il en sera dans quelque temps, mais en tout cas, là maintenant tout de suite, tout ce qu’il écrit doit être lu).

Mais peu importe la mode, le but est de faire un récit prenant, amusant, avec beaucoup d’humour, bien écrit et qui ne prenne pas les jeunes lecteurs pour des cons. Ce qui est assez primordial dans ce monde post-club Dorothée complètement aseptisé où tout est prémâché pour que surtout pas ils se mettent à réfléchir tout seuls comme des futurs grands, car c’est bien connu, les enfants sont des abrutis (en l’occurrence, ils le sont souvent, mais donnons leur le bénéfice du doute). Kris et Bruno Duhamel nous amènent donc du côté de chez les presque débuts de la Renaissance si le temps le permet, et si les deux agents envoyés sur place pour rétablir une certaine vérité historique réussissent leur mission (car voyez-vous, le père Colomb et sa Pinta de Santa Maria (et j’oublie toujours la 3ème) n’a pas pu aller jusqu’au bout de sa démarche, tout empalé qu’il fut au moment où il jouait les Depardieu sur la plage). Ce principe de l'histoire modifiée ouvre les portes à foultitude de possibilités scénaristiques. Mais encore faut-il réussir à tout bien ficeler et ne pas écraser l'histoire sous le poids de son supposé savoir. Et c'est ici tout le contraire, donc chouette.

De l’excellente Bande dessinée pour tous les âges, et moi-même je n’arrive pas à croire que je finisse avec une conclusion aussi bateau, mais j’imagine que c’est de circonstance.

Les Brigades du Temps // Kris & Duhamel // Dupuis

dimanche 11 mars 2012

Le sachet blanc

Cette Bd est un boys band. Ou un girls band. Enfin un band mixte avec un gars et une fille. Bref, cette Bd est un duo, comme Stone et Charden, David et Jonathan, Milli Vanilli ou encore les Village people s’ils se mettaient en rang deux par deux plutôt que de faire les cons. Un duo rassemblé par un éditeur, mais il parait que ça se fait souvent, que c’est pas purement marketing, que c’est juste que quand même, y’a pas de raison que ces deux là s’entendent pas, après tout ils sont si populaires chacun de leur côté de la toile qu’ils partagent en laissant quelques miettes aux autres, et puis ils se connaissent, et puis bon zut hein, ça suffit les procès d’intention.

C’est vrai.
Lisons-le d’abord et critiquons ensuite.
A y’est (oui, le livre se lit plutôt vite, d’une traite, c’est pas forcément désagréable, on veut connaitre la fin, et on le referme en disant que ah. Bon. Ok).

C’est donc une jeune femme sur un banc qui se demande ce qu’elle fout là. Moi-même ça m’arrive assez souvent, derrière mon comptoir, alors que dehors les lapins chantent main dans la main des duos improbables sur fond de synthés des années 80s, mais je me fais une raison, il faut bien vivre, et puis au moins, moi, je suis pas amnésique. Elle cherche donc à deviner qui c’est qu’elle est donc, en farfouillant dans son téléphone, dans son appartement, dans ses soi disant amis. Et oh surprise de la psychologie de comptoir (j’en sais quelque chose, je suis psychiatre de comptoir), elle se rend compte qu’à vouloir être un peu différente, finalement elle est comme tout le monde, à lire les mêmes livres et regarder les mêmes séries, que bon sang, c’est pas ça l’individualité indivisible originale, c’est bien la peine de bosser à la Fnac.

J’aurais pu, j’aurais du m’identifier, trouver ça bien vu, haha, ouais, le métier de libraire de GSC c’est exactement ça, tout le monde demande le Marc Levy ou la nouveauté là qu’on a vue à la télé avec la couverture rouge, ou encore le Marc Levy (parce que dans ce monde aseptisé qu’est le nôtre, tout le monde lit Marc Levy, y compris notre héroïne, et y’a rien qu’on puisse y faire, c’est le rouleau compresseur uniforme), mais j’ai du mal à voir au-delà du cliché (et pas uniquement parce que je suis pas bien grand). Moi c’est simple, quand on me demande du Marc Levy, je leur explique qu’ils se sont trompés, que je ne vends que de la Bd, et que non, je ne fais pas non plus de photocopies. Ça écourte les échanges commerciaux, surtout que je n’ai pas le cœur de leur commander (car je l’ai pas vraiment en magasin) la Bd adaptée d’un de ses –tousse- romans.

Je suis moi-même en constante quête identitaire, moi aussi je regarde mes amis au quotidien en me disant que pffff, quels blaireaux, il m’en faut d’autres, moi aussi je trouve que ma bibliothèque elle reflète pas mon moi profond mais seulement les efforts marketing des divers éditeurs, moi aussi je veux pousser un cri dans la nuit et me réveiller, affirmer haut et fort que bordel, je suis pas n’importe qui, me jugez pas à ma couverture superficielle. Moi aussi je veux être Bd RTL du mois et sélectionné par Canal Bd en attendant Angoulême si le lobbying le permet.

Je pense que c’est le moment de faire un blog pour en parler.

Ma note : 3 granolas/25656+ Oreos

mercredi 7 mars 2012

En route pour l'aventure

Eh bien oui, après une courte retraite anticipée bienvenue, me voici sous une nouvelle forme, tel le Phénix gelé qui renait de ses cendres pour se retrouver dans un igloo. Ne nous attardons pas sur le titre, il n’a pas grande importance, disons juste que c’est un clin d’œil à la fois à des auteurs que j’aime tout plein et à une des expressions que je sortais de ci de là sur mon ancien blog que j’aimais tout plein aussi. C’est certes moins vendeur, c’est pas comme ça que je vais décrocher un article dans Télérama, mais c’est bien aussi parfois de se lancer des challenges, de partir de rien dans la virginité infinie d’internet (la garce) et de tenter quelque chose d’un peu neuf.

Donc fini les états d’âme au quotidien d’un libraire trop œuvré, place aux états d’âme d’un type qui veut juste parler de livres (les vrais comme les faux). Alors oui, voilà, je l’avoue, ce site aura pour vocation d’ajouter un petit caillou de plus dans la grande chaussure bancale qui englobe tous ceux qui s’imaginent naïvement que leur avis compte. Les fous. Mais après tout, j’ai bien fait partie pendant des années des cailloux dans les chaussons englobant ceux qui sont persuadés que leur boulot et leur quotidien intéresse du monde (très confortable, ce chausson. A vrai dire, j’ai du mal à comprendre ceux qui n’en portent pas), alors je sens que je vais bien m’intégrer.

Bon alors par contre en revanche, je préviens de suite, je trouve qu’il n’y a presque rien de plus chiant à lire au monde qu’une critique d’un livre sur internet. Si on peut appeler ce qu’on trouve en général des ‘critiques’.  Déjà, ils sont nombreux à mettre des notes, ce qui m’a toujours semblé particulièrement incongru. Alors quand en plus ces notes sont séparées en catégories, c’est le pompon (une note pour le scénario, une pour le dessin, une pour la douceur de la couverture , une pour l’auteur en maillot de bain). Et comme je me refuse à me sentir chiant (mais la perception qu’on a de soi est souvent fort différente de celle des autres, c’est vrai), j’ai bien l’intention d’écrire des critiques qui n’auront pas grand-chose à voir avec l’œuvre en elle-même. Je m’en excuse par avance auprès des auteurs qui ne manqueront pas d’avoir des alertes Google afin de savoir quand un scribouillard bien intentionné pond quelque chose sur leur livre bien aimé, et surtout de découvrir leur note et s’il repartent avec un bon point.

En tout cas, en attendant ma première missive (je parlerai principalement Bds, soyez prévenus), sachez que je suis heureux de vous retrouver, que j’espère qu’on va bien s’amuser et que oui, promis, ma loutre fera une apparition de temps à autres, la bouche pleine de granolas.