vendredi 7 septembre 2012

Le grand dilemme

Les amis, je suis face à un dilemme. Je suis même tout endilemmisé.
J’étais curieux à l’annonce de la sortie d’un album réunissant Ruppert & Mulot ainsi que Bastien Vivès, tout ça chez Dupuis. Je me disais que ah ? oui bon pourquoi pas, ça peut être chouette, je suis toujours d’un enthousiasme débordant vers la danse Baloo quand on me dit que oui, un nouveau Ruppert & Mulot arrive, car je pars du principe que par défaut, ce sera forcément au moins bien. Ce qui n’est pas rien. Donc oui, là, un peu, j’étais prêt à signer dans le noir et de parapher toutes les pages nécessaires, en admettant que ma signature puisse aider un projet. Je vois pas bien en quoi, mais ma mégalomanie ne doit pas cacher une partie de mon influence véritable.

Et tant pis si c’est chez Dupuis.
Et tant pis si c’est avec Vivès (auteur au talent indéniable, je le répète, mais je sais pas, j’y arrive pas, quelque chose cloche et il m’agace presqu’autant que je m’agace moi-même en le disant). C’est un livre à six mains, comme ils aiment à nous le rappeler dans le dossier de presse, mais à quatre mains contre deux, normalement c’est plié, ça devrait être avant tout un album de Ruppert & Mulot, tout va bien.

Il faut lire du Ruppert & Mulot au fait hein, c’est indispensable. Piochez au hasard. De préférence du côté de Panier de singe ou Le Tricheur, mais piochez, piochez les amis, et découvrez leur sens du rythme, de l’absurde, de l’humour. Et ces dialogues…bon sang ces dialogues. Et ce trait…rha ce trait, qui semble si simple et qui pourtant fait tout, tel le méga robot mixeur 20 touches de mamie, mais un robot mixer qui adorerait se jouer des codes de la bande dessinée.

Donc voilà le dilemme : il faut lire Ruppert & Mulot, dont on retrouve bien le style malgré les visages féminins dessinés par Vivès, et là il ne faut pas s’y tromper, il s’agit bien d’une de leurs Bds. Mais pour une raison purement personnelle et donc incroyablement peu objective, ça coince par moment. Pile quand je trouve l’influence de Vivès trop grande et que ses tics de narration prennent le dessus.
Et là j’ai l’impression d’écrire une chronique pour un site internet qui ferait de la chronique de bandes dessinées, ça va pas du tout (oui, j’aime bien partager avec vous mes pensées en temps réel, c’est la génération twitter, je suis persuadé que ça vous intéresse et que ce que je pense a bien plus d’importance que ce que pense mon voisin quand je sors à moitié nu récupérer ma poubelle. Par exemple).

Tout ça pour dire que oui, allez, y’a des bons moments, c’est de l’action pure avec des références à Cat’s Eye et Tarantino et que sais je (Charlie’s angels), il y a quelques fulgurances R&Mesques jouissives, donc oui bon ok, c’est de la bonne Bd. Mais à l’heure qu’il est, je devrais être en train de battre en rythme de bonheur sur mon clavier, plutôt que de m’arracher le peu de cheveux qu’il me reste à me demander comment diable m’en dépatouiller, de cette chronique, de ce livre, de la vie en général.

C’est mal barré.